« j’ai été promu, mais pas préparé » : le revers de l’ascenseur social.
2 heures


Quand Corentin* a été promu manager, il a cru franchir un cap. Une reconnaissance logique, après des années d’expertise sur le terrain. Mais très vite, il s’est retrouvé seul face à une réalité à laquelle aucune formation ne l’avait préparée. Ni outils, ni soutien, ni droit au doute. Dans l’industrie notamment, où l’on valorise l’expertise et l’ancienneté, l’ascension professionnelle passe souvent par une montée en responsabilités. Mais sans accompagnement, cette étape devient un saut dans le vide. Un récit qui illustre le revers de l’ascenseur social.
- devenir manager : une promotion plus qu’une compétence.
- formé à la théorie… loin de la réalité du terrain.
- le doute s’installe insidieusement.
- le rôle clé de l’accompagnement extérieur.
- être promu, ce n’est pas être prêt.
- ce que cette histoire illustre.
devenir manager : une promotion plus qu’une compétence.
Corentin, cadre technique reconnu pour son expertise en maintenance, n’a pas hésité lorsqu’on lui a proposé de prendre la tête d’une équipe.
Pour moi, c’était une forme de consécration. J’avais travaillé dur, j’étais légitime techniquement, et cette promotion me semblait logique. C’était aussi, d’une certaine manière, une élévation sociale. Je changeais de statut.
Le groupe, dans lequel il exerce depuis plus de 20 ans, propose un parcours de formation pour les nouveaux managers. L’ingénieur se sent donc rassuré à l’idée de ne pas être seul face à cette nouvelle mission. « J’ai cru qu’on allait m’apprendre à manager. Mais ce que j’ai découvert, c’est que j’étais déjà censé savoir le faire. »
formé à la théorie… loin de la réalité du terrain.
Très vite, le quotidien le rattrape. Il est censé se former via des modules d’e-learning qui parlent de feedback, de posture, de réunions efficaces… Mais rien sur les conflits d’équipe, les collaborateurs en difficulté, les émotions ou les décisions humaines à prendre dans l’urgence. « Les formations étaient très théoriques et déconnectées du terrain. Pas de mises en situation, pas d’échanges entre pairs, pas d’analyse de pratique. J’étais face à une réalité brute, sans outils. »
le doute s’installe insidieusement.
Semaine après semaine, Corentin s’épuise. Il tente de faire au mieux, avec bon sens, mais sans cadre. Il ne trouve aucun espace pour exprimer ses doutes. Et dans une culture technique où la performance est valorisée, reconnaître une difficulté managériale revient presque à avouer une faiblesse. « Je passais mon temps à éteindre des feux. Je me suis senti seul, inutile, parfois incompétent. Mais je ne pouvais pas le dire : j’étais le manager. Je devais incarner la solution. »
le rôle clé de l’accompagnement extérieur.
Épuisé, Corentin se renseigne, puis prend contact avec un coach externe. Il commence par le financer lui-même, avant que l’entreprise accepte finalement de le prendre en charge. « Ce coaching a été un tournant. J’ai compris que je n’étais pas nul, juste mal préparé. Le coach m’a aidé à prendre du recul sur mes réactions, à mettre des mots sur ce que je vivais. »
Au fil des séances, il apprend à poser des limites, à écouter autrement, à déléguer sans culpabiliser. Il découvre aussi qu’il n’est pas le seul à être passé par là. « On a travaillé sur ma posture, ma manière de communiquer, de poser un cadre, d’avoir des conversations difficiles. Ce n’était pas magique, mais ça m’a donné de l’air. »
L’accompagnement lui permet aussi de refaire surface sur le plan personnel. « J’ai arrêté de rentrer chez moi vidé, avec la boule au ventre. Je commençais à retrouver du sens. » Malgré ces progrès, il réalise que ce poste ne lui convient pas dans ce contexte. Il demande un changement de poste, qui sera accepté.
être promu, ce n’est pas être prêt.
Ce témoignage résonne avec celui de nombreux managers dits « accidentels » : promus pour leur expertise, projetés dans un rôle radicalement différent, sans réelle transition.
J’ai fini par changer de poste. Aujourd’hui je suis revenu à quelque chose de plus technique, en lien avec mon expertise, qui me correspond mieux. Je ne regrette pas d’avoir essayé. Mais je regrette de l’avoir fait dans ces conditions, sans préparation.
Son histoire interroge : combien d’experts devenus managers vivent ce même revers de l’ascenseur social ?
ce que cette histoire illustre.
- La promotion ne suffit pas : changer de statut ne veut pas dire être prêt. Le management est un métier différent, qui s’apprend.
- Des formations mal pensées peuvent fragiliser : sans mise en pratique ni accompagnement humain, elles laissent les managers seuls face à leurs doutes.
- Le silence des managers est un signal faible : quand un manager se tait, c’est souvent qu’il va mal.
- Repenser l’entrée dans le management est un enjeu stratégique : pour la performance, mais aussi pour la santé mentale et l’engagement des équipes.
et plus encore :
Se former en continu, c’est la meilleure façon de rester solide, confiant… et employable. L’entreprise peut vous accompagner, mais vous pouvez aussi progresser seul : lectures, podcasts, échanges entre pairs… Entretenir ses compétences, c’est entretenir sa carrière. Découvrez 8 actions concrètes pour muscler votre employabilité, aujourd’hui et demain.
*Le prénom a été modifié.
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