Statut cadre : le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

#code du travail #conseil

30 janvier 2017

Salaire, retraite, statut social… Le statut cadre a pendant longtemps été considéré comme l’aboutissement d’une carrière réussie. Mais si l’on dénombre encore à ce jour pas moins de 4,6 millions de cadres en France, ce statut si souvent envié semble perdre de plus en plus de sa superbe. Quelles sont les raisons de ce désamour ? Être cadre a-t-il encore réellement du sens en 2017 ?

Nous avons soumis cette question à deux experts. Leur réponse en débat…

Oui. Le statut cadre est incontournable

Debat-oui-NL#01
Jean-Marie Bergère

Grâce à leur proximité au quotidien, les cadres ont un rôle à jouer d’interprétation et de discussion des orientations décidées par la direction générale afin d’éviter une disjonction trop grande avec l’ensemble des salariés »

Jean-Marie Bergère, membre du conseil scientifique de l’Observatoire des cadres et auteur de « A quoi servent les cadres ? » (Odile Jacob).

Si Jean-Marie Bergère reconnaît que cette quête de sens est aussi présente au sein des entreprises dans lesquelles on assiste à la tentation des raccourcissements hiérarchiques, le statut cadre n’en garde pas moins un côté précieux dont il faut prendre soin. Un statut, et surtout une mission essentielle aussi bien pour le bon fonctionnement de l’entreprise que pour le salarié en tant qu’individu.

Une organisation a aujourd’hui besoin de véritables managers qui se placent dans un rôle de soutien à l’activité, de régulation entre les professionnels concernés par une même activité, car le travail est de moins en moins contenu dans des procédures », explique l’auteur.

Conséquences : les salariés souhaitent pouvoir s’adresser au sein de l’entreprise à un interlocuteur référent, avec qui ils pourront discuter du bien-fondé de leurs actions. Aujourd’hui, c’est encore le cadre qui endosse ce rôle essentiel de manager et de soutien à l’activité.Autre mission incontournable du cadre : celle de favoriser la coopération. En effet, de nombreux secteurs exigent de faire intervenir dans leurs projets une multitude d’acteurs. Et dans cette optique, il est préférable de valoriser la coopération et l’importance du collectif pour optimiser les résultats. A qui mieux qu’un cadre peut incomber cette tâche ?Enfin, de plus en plus de salariés s’interrogent sur l’avenir de l’organisation et le sens du travail…

Grâce à leur proximité au quotidien, les cadres ont un rôle à jouer d’interprétation et de discussion des orientations décidées par la direction générale afin d’éviter une disjonction trop grande avec l’ensemble des salariés », met en avant Jean-Marie Bergère.

Si le statut de cadre est synonyme de responsabilités, c’est aussi une formidable gratification et reconnaissance de son parcours de progression professionnelle. Et en ce sens, le statut cadre conserve toujours aujourd’hui son grand intérêt à titre individuel.

Non. Trop de cadres tue le statut

Debat-non-NL#01
Denis Monneuse

La remise en cause du statut cadre est aujourd’hui flagrante dans la mesure où le nombre de cadres ne cesse d’augmenter et a même doublé depuis les années 80 »

Denis Monneuse, sociologue, chercheur à l’IE business school et auteur de « Le silence des cadres. Enquête sur un malaise » (Vuibert).

Une position que ne partage pas Denis Monneuse, pour qui le statut cadre est en perte de valeur.

La remise en cause du statut cadre est aujourd’hui flagrante dans la mesure où le nombre de cadres ne cesse d’augmenter et a même doublé depuis les années 80. Être cadre a ainsi beaucoup moins de sens aujourd’hui », analyse le sociologue.

En effet, un certain nombre de salariés bénéficient aujourd’hui de ce statut cadre sans réellement avoir en contrepartie les responsabilités, le pouvoir ou encore l’autonomie qui le définissent. Ainsi, de nombreuses entreprises octroient à leurs salariés un statut de cadre uniquement pour les faire passer à un forfait jour.

Aujourd’hui, de plus en plus de cadres n’encadrent personne si ce n’est eux-mêmes, comme les chargés de mission par exemple. En parallèle, on retrouve paradoxalement des chefs d’équipe qui, eux, n’ont pas le statut de cadres.

En outre, les avantages de ce statut en termes financiers sont beaucoup moins intéressants qu’auparavant.

Dans les années 60, le rapport du salaire d’un ouvrier et d’un cadre était de 1 à 4, alors qu’aujourd’hui il n’est plus que de 2,5 », illustre Denis Monneuse.

Si d’un point de vue législatif (retraite, prud’hommes, chômage…), les différences perdurent, au niveau du travail au quotidien les disparités sont de moins en moins marquées entre les cadres et les non-cadres. Créé il y a un siècle, le statut de cadre d’origine correspondait alors à ce que l’on appelle aujourd’hui les cadres dirigeants.

En réalité, les salariés sont plus attachés à la valeur symbolique que renvoie ce statut qu’à sa véritable signification. Il peut donner l’impression d’une mobilité sociale par rapport au milieu d’origine d’enfants d’ouvriers et d’employés par exemple. », conclut Denis Monneuse.

 

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