la paresse, un talent à cultiver ? le billet de Michèle Côme.

#bien-être au travail #motivation #productivité

22 mars 2023

Pour ce nouveau billet, Michèle Côme, humoriste conférencière, prend la plume du blog Expectra et vous invite à découvrir la paresse sous un nouvel angle. Un billet empreint d’humour et de légèreté, qui vous donnera peut-être envie de cultiver ce talent ?

Il a les pieds en éventail, elle se la coule douce, il se tourne les pouces… Vous en connaissez tous ou vous êtes vous-même l’un d’entre eux ? Dans le canapé, devant la machine à café ou l’écran vide, peut-être sont-ils en train de mûrir le meilleur pour l’entreprise… Car après tout, pourquoi tant de gloire de l’effort et du travail (pour mémoire, l’étymologie du mot travail est « tripalium » instrument de torture qui entrave la liberté de se mouvoir.) ? Et si l’indolence du paresseux était profitable à l’entreprise ?

la paresse, c’est génétique !

Notre éducation nous pousse à nous mettre en mouvement, nous incite à la productivité, la religion catholique qualifie même la paresse de péché capital ! Pourtant, il semblerait qu’on soit câblé pour la paresse, et que nos gênes nous prédisposent à préférer le canapé aux terrains de sport. D’ailleurs, l’invention des machines est bel et bien le fruit de cette recherche du moindre effort…

À ce titre, l’homme de Cro-Magnon avait un gros poil dans la main (et pas que dans la main). Il faisait le minimum vital et personne ne le lui reprochait ; l’Homme moderne a voulu faire son crâneur en inventant la roue pour aller plus vite, et des machines pour produire plus et plus rapidement. Et aujourd’hui, il fait tout tellement vite que la planète a bien du mal à suivre !
Pourtant, la contemplation, la réflexion, le lâcher-prise sont devenues des activités vantées pour leurs vertus régénérantes, et parfois créatives. Voyez plutôt ce qui m’est arrivé un matin.

paresser stimule l’esprit.

Ce mardi matin, il est 8h et je m’autorise à me prélasser dans mon lit, car je suis en télétravail et ma première visio est à 9h.
J’observe d’un regard oblique (puisque couchée) les moutons sous ma commode et me fais cette réflexion Ô combien originale : « C’est fou comme ça revient vite les moutons sous les meubles, c’est comme la poussière sur les meubles ! ». Et me voilà partie dans une pensée sur la différence de texture entre la poussière qui se dépose et celle qui s’agglutine dessous, question à laquelle, mon cerveau ne sait pas répondre.
Je finis par me lever et ouvre ma fenêtre en grand pour aérer. L’air s’engouffre dans la pièce et déplace d’un coup d’un seul le mouton vers le mur, alors que la poussière ne bouge pas d’un poil. Intrigant !
Loin de moi l’initiative hardie de me munir de l’aspirateur et/ou d’un chiffon pour refermer ce chapitre ancillaire et passer à un début de journée de travail « plus conventionnel ». Assise au bord du lit, je regarde le mouton : en fait, on ne dirait pas que c’est de la poussière, d’ailleurs, ça s’appelle un mouton ! Il se forme sous l’effet de l’électricité statique et est composé d’éléments multiples et très variés : cheveux, poussières, micro-organismes, particules infimes de tissu, de papier, de champignons microscopiques, de plastique (oui, j’ai regardé sur Internet, je l’ignorais).
Par quel sortilège sont-ils happés pour former ces petits paquets ? Et bien, ce sont les cheveux qui créent cette électricité statique, car ils ont une charge opposée aux autres éléments !
Au lieu de ramasser le mouton et vaquer à ce qui m’attend de « travail », je me rallonge sur mon lit, et regarde le plafond. Je recommence à rêvasser, et ce moment d’indolence dure bien 10 minutes ; 10 minutes d’inactivité, en apparence, payées en salaire…

En réalité, je songe à cette particularité du cheveu qui fait l’aimant : sans le cheveu, pas de mouton !

de la paresse, à la métaphore, au concret.

Allez savoir pourquoi ça m’a fait penser à mon équipe ! Non pas que je considère mes collaborateurs comme des bactéries (quoi que certains… quelquefois…) mais je prends cette image pour une métaphore. Je me mets donc à passer en revue les membres de mon équipe et tente de détecter qui joue le rôle des cheveux (qui fait du lien, qui aimante le groupe…) ? Je crois bien que c’est un chauve d’ailleurs (si… je vous jure !).
J’attrape une tasse de café et me mets sur l’ordinateur pour pondre l’introduction de séminaire la plus inspirante de toute ma carrière de manager : une tirade sur l’attractivité, l’élan, le courant d’air qui fait bouger, la motivation, la cohésion d’équipe. C’est simple, on en parle encore pendant les afterworks, je suis devenue la reine de la métaphore sur le leadership !
Je considère ce moment de paresse comme l’un des plus précieux, enfin jusqu’à maintenant, car on n’est jamais à l’abri d’un nouveau moment d’indolence, de flemme, de rêverie déclencheur de projets, de décisions importantes ou même de choix de vie.
La paresse n’empêche pas la sagacité (intuition, discernement, lucidité, finesse et vivacité d’esprit), elle peut même être la source de cette qualité requise pour résoudre des situations complexes.
Alors ? Tous paresseux !

à propos de l’auteure :

Michèle Côme Michèle Côme a monté son 1er one-woman-show à l’âge de 20 ans, et juriste de formation, a une expérience de plus de 32 ans en stratégie d’innovation. Elle s’appuie sur son expérience de stand-up et d’improvisation théâtrale pour concevoir des conférences spectacles originales et des ateliers innovantes sur mesure. Leadership, cohésion d’équipes, mentoring intergénérationnel, entrepreneuriat… Elle se sert du jeu et de l’humour pour déclencher des prises de conscience et révéler les collaborateurs. Ses sujets de prédilections sont les RH, les transformations managériales, et les carrières des femmes. « Mon credo est : FUN IS NEVER A WASTE OF TIME. »

💖Et plus encore : le Coup de cœur de Michèle Côme.

Mon coup de cœur est une animation ARTE « Tu mourras moins bête » La Paresse. Bien sûr, l’éloge de la paresse est un thème récurrent depuis l’œuvre de Paul Lafargue en 1880, du film Alexandre le Bienheureux (1968), mais l’esprit décalé étant ma marque de fabrique, mon choix s’est porté sur ce dessin animé de Marion Montaigne dans lequel le Professeur Moustache démontre que même les besogneuses abeilles – comme les fourmis d’ailleurs – ont des moments de paresse. Alors convaincu(e) ?

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