Une digitale détox pour lutter contre le spectre du burn-out

10 juin 2015

Tablettes, Smartphones, PC portable… Si les outils digitaux améliorent sans conteste nos méthodes de communication et de fonctionnement, ils contribuent en parallèle à accroître l’aliénation au travail.

Quels sont les signes avant-coureurs de l’épuisement professionnel ? Faut-il vraiment se prémunir de l’e-dépendance pour éviter ce qui est communément appelé aujourd’hui le burn-out ?

Souvent considéré comme le mal du XXIe siècle, les premières descriptions du burn-out datent en réalité de plus de 50 ans.

Patrick Legeron
Patrick Legeron
Pour Patrick Légeron, psychiatre et fondateur du cabinet Stimulus, spécialisé dans la prévention du stress et la promotion du bien-être au travail :

il ne s’agit pas uniquement d’une maladie professionnelle. Certaines mères au foyer en sont par exemple victimes ».

Un état d’épuisement multiple

Recouvrant plusieurs dizaines de définitions, le burn-out traduit un état d’épuisement multiple. Physique d’une part, où la moindre activité comme se lever ou s’habiller représente un effort insurmontable. Mental ensuite, quand écrire un mail ou faire une addition devient une contrainte infranchissable. Psychique enfin, provoquant l’altération des émotions et l’incapacité de ressentir quoi que ce soit en plus de la perte de l’estime de soi. Ce sentiment de non-réalisation peut alors être lourd de conséquences.

Jean-Claude Delgenes
Jean-Claude Delgenes

« Il peut entraîner des maladies comme l’eczéma ou le psoriasis, des paralysies faciales voire conduire au suicide »,

relève Jean-Claude Delgènes, Fondateur et directeur général du cabinet Technologia.

Des signes qui ne trompent pas

De la même façon qu’il fut complexe de dissocier la tristesse de la dépression, quantifier la prévalence exacte du burn-out est à l’heure actuelle tout aussi difficile.

Une des raisons pour laquelle il n’est pas encore admis comme maladie du travail »

témoigne Jean-Claude Delgènes.Visibles ou non, ces symptômes sont quant à eux bien perceptibles. Ils témoignent d’une exposition au stress chronique, devenu ingérable au quotidien. Fatigue, troubles digestifs, problèmes de sommeil… Autant de signes auxquels s’ajouteront des troubles émotionnels comme l’irritation, la perte d’empathie, l’isolation, l’agressivité mais aussi comportementaux à l’instar du renforcement des addictions.

Mythe du grand patron et cadres de l’encadrement

Evaluation, entretien, reporting…

L’informatique a permis un recul des relations basées sur la confiance et la prédominance du contrôle en plus d’exigences professionnelles souvent démesurées et excessives »,

commente Jean-Claude Delgènes. Un constat particulièrement marqué pour certains employés, plus enclins au spectre du burn-out. Avoir un statut, obtenir le respect, la considération, bénéficier d’une rémunération supérieure… Pour les cadres de l’encadrement de proximité et les chefs de petites équipes, la reconnaissance ne mobilise pas les mêmes recettes. « Nous avons une base de données de 150 000 personnes évaluées, témoigne Patrick Légeron. Son analyse révèle que le mythe du grand patron stressé est faux. Car ces derniers bénéficient de plus de facteurs de protection comme l’autonomie et la liberté d’organisation pour se dégager de l’hyper stress. »

La digital détox comme remède ?

Du papier peint qui bloque les accès Internet dans certains hôtels, des entreprises à l’instar de Volskwagen qui interdisent l’envoi de mails à partir d’une certaine heure la semaine… Si de telles initiatives existent aujourd’hui, c’est que la digitalisation de la sphère professionnelle réduit drastiquement la déconnexion potentielle des salariés. Or, celle-ci est une source indispensable pour éviter de sombrer vers l’épuisement professionnel. Le digital a entraîné et entraînera une progression inestimable des conditions de travail. Mais comme un médicament, il agit avec ses propres effets secondaires.

Avant, à la sortie d’un spectacle ou de l’avion on sortait une cigarette. Aujourd’hui on rallume au plus vite son Smartphone. Un signe identifié d’addiction selon les psychiatres »,

constate Patrick Légeron.Il y a 10 ans déjà, une étude montrait qu’un cadre était dérangé en moyenne toutes les 7 minutes. Avec les connexions aux multiples outils, cette hyper sollicitation s’est amplifiée.

Or, ce zapping incessant entraîne une charge cognitive sur le cerveau, facteur de stress, de fatigue et donc d’épuisement »

analyse Patrick Légeron. Que faire alors pour éviter l’e-dépendance ? Se fixer un code de conduite strict comme par exemple éviter de consulter ses mails toutes les cinq minutes. Ainsi qu’avoir recours à différents pare-feux tels que des activités extra-professionnelles : culturelles, sportives ou autres. Objectif : déconnecter aussi fréquemment que possible pour tenir à distance un mal qui, s’il n’est pas celui de notre siècle, gagne en tout cas toujours plus de terrain.

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