Le work-addict est-il toxique pour l’entreprise et les autres collaborateurs ?
8 décembre 2016


Si certains salariés considèrent leur emploi comme une étape obligée pour gagner leur vie, d’autres sont surinvestis au point de mettre en danger leur équilibre personnel. Heures supplémentaires, repas écourtés, travail à la maison ou en vacances… Cette hyperactivité est-elle toujours bien perçue dans la sphère professionnelle ?
Deux experts du sujet ont accepté de se pencher sur la question et de confronter leur point de vue…
Oui. Trop de travail est néfaste à la santé


Comme ils délèguent peu, ils accumulent une importante charge de travail qu’ils risquent un jour ou l’autre de ne plus pouvoir assumer et arriver à un état de burn-out. »
décrit Alexis Peschard, addictologue et directeur associé de GAE Conseil, un cabinet spécialisé dans la prévention des conduites addictives en milieux professionnels.
Pour Alexis Peschard, cette tendance au surinvestissement dans son travail est un phénomène qu’il rencontre de plus en plus fréquemment au sein des entreprises et notamment depuis 4 ou 5 ans. Les raisons ?
L’évolution des méthodes de travail, la réorganisation des tâches imposée par la digitalisation du travail, les départs en retraite, les postes non remplacés… Ces situations impliquent forcément une augmentation de la charge de travail qui ressurgit sur les collaborateurs restés dans l’entreprise. »
met en exergue l’addictologue.
Si les collaborateurs surinvestis sont somme toute assez courants dans une société qui demande toujours plus, cette tendance au travail excessif n’en reste pas moins problématique lorsque celle-ci s’apparente à une addiction.
Ainsi, ceux que l’on désigne comme work-addicts, workaholics ou encore ergomanes présentent souvent une intolérance à la frustration et éprouvent de grandes difficultés à travailler en équipe. En effet, bien qu’ils affichent une forte confiance en eux, cette façon d’être n’est le plus souvent qu’une façade.
Comme ils délèguent peu, ils accumulent une importante charge de travail qu’ils risquent un jour ou l’autre de ne plus pouvoir assumer, et arriver à un état de burn-out. »
explique Alexis Peschard.
Cette tendance au surinvestissement est donc non seulement toxique pour le work-addict lui-même, mais également pour l’entreprise et les autres collaborateurs. Un collaborateur proche du burn-out sera en effet moins efficace, plus lent et commettra des erreurs. Autre impact négatif, des salariés surmenés risquent d’être plus souvent sujets aux arrêts maladie liés à des dépressions ou à une baisse de leur défense immunitaire. Quant aux risques d’accidents du travail, ils sont bien entendu également à prendre en compte.
Enfin, en termes juridiques, une entreprise pourra être tenue responsable pénalement si cette dernière n’a pas été capable, en toute connaissance de cause, de protéger son salarié atteint de workaholisme. Il est donc vivement conseillé aux managers et à la fonction RH d’identifier les signes précurseurs afin d’agir le plus rapidement possible et d’éviter ainsi des situations critiques de burn-out.
Non. Une grande capacité de travail est toujours un atout


Beaucoup de managers rêvent d’avoir au sein de leur équipe des collaborateurs particulièrement impliqués et prêts à se dépasser pour réussir dans leur métier. »
Denis Desvignes, coach et formateur à la gestion du temps.
Une position que ne partage pas Denis Desvignes, pour qui les bourreaux de travail ne doivent pas être associés à une valeur négative. En effet, tous les grands travailleurs ne souffrent pas d’addictions. Ce sont avant tout des personnes qui ont la chance d’avoir de grosses capacités de travail.
Beaucoup de managers rêvent d’avoir au sein de leur équipe des collaborateurs particulièrement impliqués et prêts à se dépasser pour réussir dans leur métier. »
souligne le coach.
Il est en effet difficile de considérer comme néfaste à l’entreprise une personne dite « bourreau de travail » qui, certes, fait passer son travail avant beaucoup de choses, mais qui est toujours disponible, a de grandes capacités de concentration et qui aime son entreprise.À partir du moment où cet investissement dans le travail s’inscrit dans le champ de la normalité et ne dépasse pas certaines limites, un salarié très impliqué ne pourra être que bénéfique à l’entreprise et aux autres collaborateurs. Dans cette optique, c’est au manager de jauger au mieux les capacités de travail de chacun de ses collaborateurs afin de réaliser une répartition des tâches adaptée et donc efficace. Il est important de donner du sens à la valeur « travail » afin de ne pas démotiver ces collaborateurs particulièrement impliqués. Le risque serait de les voir quitter l’entreprise ou de les voir appliquer des conduites qui pourraient être agressives vis-à-vis de leur société. Ainsi, il est conseillé au manager d’inscrire toute tâche dans un projet ou direction stratégique choisie par l’entreprise afin que le bourreau de travail soit rassuré sur la finalité de son investissement.
Afin de maintenir un bon équilibre au sein de l’entreprise, le manager doit rester vigilant et toujours vérifier que ses collaborateurs ne surinvestissent pas le travail pour y combler des manques non satisfaits dans leur vie personnelle et que cette implication ne se transforme pas en véritable addiction au travail. »
conclut Denis Desvignes.
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