Quotas de femmes en entreprise, un mal nécessaire ?

#égalité femme homme

7 mars 2012

Avant janvier 2017, les conseils d’administration de toutes les entreprises de plus de 500 salariés en France devront être composés de 40 % de femmes. Une loi officiellement adoptée en janvier de l’an dernier, qui n’en finit pas de faire débat. Alors, pour ou contre les quotas ?

Une initiative dévalorisante

L’avantage de voir des femmes aussi bien que des hommes occuper des positions de pouvoir en entreprise devrait être un constat de bon sens », Françoise Huguet-Devallet, vice-présidente du réseau Femmes Business Angels.

Personne ne songerait à imposer des quotas d’hommes. Voilà le constat de base.

Dans ces conditions, pourquoi faire des femmes un cas particulier ?

Quotas de femmes en entreprise, un mal nécessaire ?
Françoise Huguet-Devallet

Je trouve dévalorisant de devoir en arriver là », déplore Françoise Huguet-Devallet, vice-présidente du réseau Femmes Business Angels. « L’avantage de voir des femmes aussi bien que des hommes occuper des positions de pouvoir en entreprise devrait être un constat de bon sens

La crainte des opposants aux quotas ?Que les actions des entreprises ne soient que de la poudre aux yeux : elles pourraient mettre en avant quelques femmes à des postes-clés en espérant faire taire les critiques et arrêter là leurs efforts, « ce qui est très inquiétant sur la place des femmes dans les entreprises, mais aussi dans la société en générale », estime Françoise Huguet-Devallet.

Une situation qui risquerait par ailleurs de faire naître des rumeurs désagréables :l’idée que les femmes en poste n’aient obtenu leur position qu’en raison des obligations légales traverserait plus d’un mauvais esprit, rendant leur travail plus difficile encore.

En plus de ces points négatifs, l’efficacité de ce type d’incitation reste à prouver : Françoise Huguet-Devallet rappelle que «malgré les obligations légales dans le domaine politique, certaines listes électorales préfèrent encore payer les amendes plutôt que d’intégrer davantage de femmes !»

Les pionniers en exemple

Pour que les choses bougent, il faut qu’il existe une contrainte ! », Dunya Bouhacene, présidente de Women Equity For Growth.

Pour Dunya Bouhacene, la situation est simple : « pour que les choses bougent, il faut qu’il existe une contrainte ! »

Quotas de femmes en entreprise, un mal nécessaire ?
Dunya Bouhacene

Ce qui est plus compliqué en revanche, c’est la façon de mettre en place ces contraintes. Nécessité d’un accompagnement, degré d’adhésion des entreprises, sanctions…

Autant de questions qui méritent d’être posées, mais sur le fond, seule une obligation légale peut permettre « d’attirer l’attention sur un sujet qui n’était jusque là pas considéré. »Avec la Norvège, l’Islande et l’Espagne, la France fait partie des pionniers dans ce domaine. Et La Norvège mérite d’être citée en exemple : ce pays est la preuve que les quotas peuvent fonctionner, à condition d’être mis en place de façon intelligente.

Malgré son opposition à cette loi, l’équivalent du MEDEF norvégien a accompagné les patrons, les a aidés à identifier les hauts potentiels, à se constituer un vivier de candidates et à s’ouvrir aux viviers des autres entreprises. Il a aussi accompli un gros travail de sensibilisation pour contribuer au développement d’une logique de formation », énumère Dunya Bouhacene.

De cette façon, en cas de besoin, ces hauts potentiels rafraîchissent ou acquièrent les connaissances nécessaires à l’occupation des postes concernés.

Résultat : la barre des 40 % atteinte en un temps record, alors que les autorités avaient calculé qu’au rythme auquel évoluait la situation avant cette loi, il aurait fallu plusieurs siècles pour enregistrer des changements notables !Et parmi les arguments pour, il ne faut pas non plus oublier la pression populaire, comme l’explique Dunya Bouhacene : « étant donné que le public a compris cette loi comme une obligation, il devient difficile pour un grand groupe d’expliquer pourquoi il n’arriverait pas à atteindre les quotas alors que d’autres y parviennent. »Inutile d’avancer l’argument classique du manque de candidates pertinentes puisque certains n’hésitent pas à aller les chercher à l’étranger au besoin et trouvent des bénéfices à cette internationalisation. Ainsi, même en tenant compte des inconvénients, la présence d’organismes mesurant, classant et comparant les degrés de progression des entreprises signifie que des progrès sont accomplis.

En fait, pour Dunya Bouhacene comme pour Françoise Huguet-Devallet, la plus grande question à poser est sans doute la suivante : comment se fait-il que les entreprises ne réalisent pas par elles-mêmes que diversité et complémentarité sont des atouts dans le monde des affaires ?Au final, seule une paraphrase de Churchill pourrait résumer la situation : les quotas sont peut-être le pire des systèmes… A l’exception de tous les autres.

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