ingénieur dans l’industrie, un métier en pleine mutation.

#industrie #marché de l'emploi

2 novembre 2023

Le monde change, et il change de plus en plus vite. L’industrie n’y échappe pas et entraîne dans son sillage tous les professionnels du secteur, à commencer par les ingénieur.e.s. Quelles sont les mutations en cours ? Quels recrutements anticiper ? Comment répondre aux nouvelles attentes des candidats ? Analyse avec Martine Assar, en charge de l’Observatoire des métiers et des compétences à la Direction Générale de l’Institut Mines-Télécom

L’Observatoire des métiers et des compétences à l’Institut Mines-Télécom a vu le jour en 2009, et plus d’une décennie plus tard, « on est sur tous les fronts ! explique sa responsable Martine Assar. Il y a une accélération des transformations numériques, mais aussi écologiques, énergétiques, sociétales. » De quoi parle-t-on concrètement ? Du virage digital, ou encore, dernièrement, de la pandémie du Covid-19, du conflit ukrainien, de la crise énergétique…

de l’informatique à la maintenance en passant par le génie industriel… un.e ingénieur.e. de plus en plus polyvalent…

Le métier d’ingénieur.e industriel dépasse désormais les problématiques techniques et technologiques. Les entreprises du secteur industriel recherchent des profils généralistes et flexibles. « Nos étudiant.e.s sont recruté.e.s pour leur faculté à développer une vision 360. Être ouvert au marketing, aux achats, et à tous les services, c’est le gage d’une meilleure compréhension des besoins et des chaînes de valeur. À l’inverse, le secteur a toujours besoin de spécialistes, voire d’ingénieur.e.s hyperspécialistes, pour leur capacité à développer une expertise à forte valeur ajoutée. Mais les besoins en ingénieur.e.s sont tels, qu’ils ne représentent pas la majorité des profils demandés dans l’industrie ».

Le profil polyvalent et l’expérience variée répond également à la porosité grandissante des métiers dans l’industrie : le travail ne se fait plus en silo et entraîne une multiplication des connexions et des relations. 

réactif, créatif et humain : qui sera l’ingénieur industriel de demain ? Comment devenir un bon ingénieur de l’industrie ?

Quelles compétences privilégier ? Pour répondre à ces nouveaux enjeux, l’Institut Mines-Télécom adapte ses cursus : « L’ingénieur.e de demain doit impérativement s’ouvrir sur ce monde qui se transforme ! Donc maintenant, dans toutes les filières, nous avons les humanités de transition. Ça englobe les savoir-être, des compétences socio-émotionnelles, autrement dit les softskills, et tout ce qui est en lien avec la transition écologique. » Les compétences relationnelles sont aussi mises au premier plan par les jeunes ingénieur.e.s qui souhaitent, de plus en plus, endosser la double casquette d’ingénieur.e-manager. D’ailleurs, l’Institut Mines-Télécom comprend une Grande École de Commerce et de Management.

Former les ingénieur.e.s de demain dans un monde plein d’incertitudes, c’est aussi leur donner des clefs pour savoir réagir vite, s’adapter et faire évoluer les processus de production. Et pour cela, les industriels misent sur le sur-mesure et se tournent vers l’apprentissage, « la voie royale de plus en plus prisée et plébiscitée par les entreprises » selon Martine Assar. Un parcours reconnu permettant d’acquérir de premières expériences professionnelles (en management notamment), de développer son employabilité et de comprendre plus tôt sa place et son rôle au sein d’un collectif.

Autre évolution : le diplôme ne vient plus clore la phase d’apprentissage. « On est entrés dans l’ère de la formation en continu, avec un continuum entre la formation initiale et continue, parce que les compétences validées par un diplôme, particulièrement les savoir-faire, sont vite rattrapées par l’obsolescence. » 

energie, data sciences, informatique, maintenance… Zoom sur les secteurs porteurs.

Deux domaines sont particulièrement dynamiques : les data sciences et la cybersécurité. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la multiplication des cyberattaques, ou encore, l’importance des supports numériques. « Dans l’industrie, on met de plus en plus de capteurs et d’objets connectés, les entreprises recueillent énormément de données. Et pour pouvoir les trier et les analyser, il faut des data scientists, des data analysts… » Plus généralement, la numérisation de l’économie entraîne une forte demande autour des systèmes d’information. 

L’Observatoire des métiers et des compétences distingue un autre secteur en plein « boom » notamment dans son dernier baromètre sur l’évolution des métiers du numérique et de l’industrie (2022). Lequel ? « La maintenance a fait un bond considérable ! Ce domaine représente plus de 20 % des recrutements des jeunes diplômés. Mais finalement, c’est très logique. Il est crucial pour les entreprises que de pouvoir assurer la marche constante des installations, et notamment des nouvelles technologies, sinon, c’est la panne… et du manque à gagner ! » Les responsables maintenance ont donc de beaux jours devant eux. 

Les métiers de la logistique et de la supply chain se distinguent également. En effet, les réflexions portant sur les chaînes d’approvisionnements viennent autant répondre aux contraintes nées des confinements et de la guerre en Ukraine qu’à la préoccupation écologique. Enfin, la recherche et développement (R&D) est un incontournable de ces dernières années. À l’échelle de la France comme de l’Europe, l’innovation est nécessaire pour rivaliser face aux géants mondiaux. C’est l’une des clefs de la réindustrialisation de l’économie !

« ingénieurs industriels : les besoins vont être énormes ! »

Face à ces besoins variés, l’industrie française manque de bras : « On forme en moyenne 40 000 ingénieur.e.s par an en France. Or, il en faudrait 50 000 ! Et dans une logique de réindustrialisation, j’ai bien peur que nous dépassions rapidement les 60 000. Les besoins vont être énormes ! » s’inquiète Martine Assar. La pénurie se fait particulièrement sentir dans le nucléaire, la maintenance ou la chaudronnerie. Pourtant, dans ces deux derniers secteurs, les filières de formation ferment faute de candidats. 

Un important travail d’information et d’image doit donc être mené pour relever ce défi. La réindustrialisation a besoin de professionnels bien formés, réactifs et polyvalents. Et les ingénieur.e.s, eux, qu’ont-ils à y gagner ? Rien de moins que l’opportunité « d’exercer des métiers passionnants, avec des évolutions incroyables, à l’image des mutations du secteur industriel » !

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