Les fortes personnalités sont-elles de bons managers ?

#bien-être au travail #leadership #productivité

22 juillet 2021

Capables de porter des projets, de s’affirmer face à la direction et de challenger leurs équipes, les personnalités fortes semblent avoir toutes les qualités d’un bon manager. Mais elles peuvent aussi présenter des défauts handicapants, tels qu’un manque d’écoute et une tendance à étouffer la créativité. Alors, les forts caractères, bons managers ou pas ? Deux experts donnent leur avis.

Oui : forte personnalité ne veut pas dire tyran

 « Il n’est pas antinomique d’avoir une forte personnalité, d’être bienveillant et dans le respect de l’autre, de prendre le temps d’écouter. Ce n’est pas parce qu’on a une forte personnalité qu’on va écraser les autres », Audrey Dubeaurepaire, directrice executive de l’agence de publicité Nikita.

Audrey Dubeaurepaire
Audrey Dubeaurepaire

Selon Audrey Dubeaurepaire, une personnalité forte permet d’être un bon manager, avant tout parce qu’elle aide à faire bouger les choses et à s’affirmer, notamment dans les situations difficiles. « Il faut avoir ses convictions et ses opinions pour faire bouger les choses. Avec un côté trop consensuel et politique, les projets avancent moins vite, et on fait moins bouger les lignes pour ses équipes. Un manager a ce côté intermédiaire avec la direction, c’est une position qui n’est pas facile en cas de désaccord, il faut une forte personnalité pour pouvoir soutenir son équipe et s’affirmer. »

 

Sans oublier que ce sont aussi des personnalités entraînantes, qui affichent un message convaincant. « Une forte personnalité emmène les autres. Cela reflète souvent une confiance en soi qui inspire du positif, donne envie de suivre la personne. Les collaborateurs vont se dire qu’elle a l’air d’être sûre d’elle, que cela va déverrouiller des freins aussi bien au sein de la société qu’auprès des clients. C’est un côté leader qui est important chez un bon manager. »

Quant aux écueils ? Ils existent bien, mais ils sont assez faciles à éviter avec l’expérience et une bonne connaissance de soi. « J’ai tendance à foncer droit devant, j’ai un côté tout feu, tout flamme qui fait que parfois, quand je me retourne, je m’aperçois que je n’ai pas réussi à emmener l’équipe. C’est un équilibre qui peut être difficile à trouver, mais il suffit de se connaître et d’apprendre de ses échecs. Avec l’expérience et la maturité, on se pose un peu plus, on sait assumer et maîtriser sa forte personnalité. Je sais par exemple s’il faut que je prenne le temps de me poser avant d’attaquer une réunion, voire la reporter parce que je risque de ne pas être à l’écoute sur le moment. »

En bref, si les personnalités fortes ont leurs défauts, elles ne représentent pas un véritable obstacle à condition d’en avoir conscience et d’apprendre à travailler avec… Exactement comme tous les managers doivent le faire, quelle que soit leur personnalité.

Non : un manque d’écoute et une créativité étouffée

Charles de Fréminville
Charles de Fréminville

« Un fort caractère peut être positif pour certaines personnes, mais c’est un mode de leadership qui n’est pas très inspirant pour les équipes. C’est un modèle qui a fait son temps. Les talents veulent de plus en plus favoriser le collaboratif », Charles de Fréminville, co-fondateur et dirigeant de Bloom at Work.

Pour Charles de Fréminville, tout est une question d’écoute, et c’est une qualité dont les personnalités fortes ont tendance à manquer. 

« Avec nos enquêtes collaborateurs, nous avons observé que les personnalités fortes ne sont pas à l’écoute, qu’elles sont moins subtiles dans leur management. Cela peut être positif pour dire les choses, mais cela peut aussi aller à l’encontre d’une capacité d’écoute plus poussée. Or, pour être un bon manager, il est important d’avoir des capteurs ouverts. » 

Ce manque d’écoute entraîne d’autres écueils qui peuvent être préjudiciables à l’équipe et à l’entreprise, notamment en termes de créativité et de prise d’initiative. 

« Ce sont souvent des personnes qui sont moins ouvertes aux idées venant d’autres collaborateurs, ce qui représente un frein à la créativité, à la fois parce qu’elles rejettent des idées qui auraient pu être intéressantes et parce qu’après quelques temps, les collaborateurs ne vont plus essayer de les leur soumettre. »

Dans des cas extrêmes, une personnalité forte pourrait même faire fuir certaines personnes, notamment parmi celles qui sont moins affirmées et plus à la recherche de reconnaissance. 

« Aujourd’hui, les collaborateurs ont des envies et des besoins de plus en plus subtiles, de moins en moins exprimés à voix haute. Ils ont besoin de se sentir valorisés, alors qu’une personnalité forte peut être blessante, offensante. On dit souvent qu’on ne quitte pas un job, on quitte un manager, des membres de l’équipe pourraient aller jusqu’à décider de partir. »

Au final, mieux vaut vivre avec son temps en optant pour un style de management bienveillant et collaboratif. Un manager a d’ailleurs plutôt tendance à devenir un expert en intelligence émotionnelle qu’un coach

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