peut-on réellement travailler 7h par jour ?

#bien-être au travail #motivation #productivité

10 novembre 2023

Travail multitâche, mails, appels, réunions à répétition…  Face à tant de sollicitations quotidiennes, notre cerveau est-il en mesure de rester efficace 7 heures par jour au bureau ?  C’est la question que nous avons posée à Marie Lacroix, docteure en neurosciences, dans le cadre de notre série d’articles “insight” qui vous propose un regard éclairé sur le monde du travail. 

« S’il est possible d’être productif au travail sur une plage horaire de 7 heures, dans les faits le cerveau n’est pas capable de rester concentré autant d’heures d’affilée », explique Marie Lacroix, docteure en neurosciences et cofondatrice de Cog’X, société de conseil et formation en sciences cognitives. Et pour cause, lorsque le cerveau est sollicité sur une période trop longue, la fatigue mentale s’installe de manière insidieuse. Ainsi, contrairement à la fatigue physique qui se traduit par des symptômes visibles, tels que le fait de bailler ou d’avoir des paupières lourdes, la fatigue mentale se définit comme une baisse de la performance par rapport au temps passé sur une tâche. 

En préconisant des pauses toutes les deux heures, la Sécurité Routière prend en compte cet état de fait. « De nombreux conducteurs n’écoutent pas toujours cette prérogative car ils n’éprouvent pas l’envie de dormir au bout de ce temps écoulé, mais ils ne se rendent pas compte que leur temps de réaction est diminué ou encore que les écarts de trajectoires sont augmentés », souligne Marie Lacroix. Au bureau, cet épuisement peut se traduire par le fait de relire plusieurs fois le même paragraphe sans en comprendre le sens, par exemple.

Concrètement, la fatigue mentale impacte l’activité du cerveau au niveau du cortex préfrontal. Ce dernier est un peu la tour de contrôle du cerveau qui régit l’ensemble des fonctions exécutives, telles que celles qui permettent de planifier les actions, d’inhiber certains comportements, d’être créatif, de traiter les signaux sociaux ou encore de maintenir la concentration dans le temps. 

respectez le rythme de votre cerveau.

Selon le chercheur américain, Alex Soojung Kim Pang, le temps de travail optimal ne serait seulement que de 4 heures par jour. Heureusement, au cours d’une journée de travail toutes les tâches ne nécessitent pas la même attention. « Plus ces dernières demandent de la concentration, et plus vite la fatigue mentale risque de s’installer. Ainsi, une tâche monotone qui requiert de l’attention ne pourra pas être tenue plus de 30 minutes », précise Marie Lacroix. 

Autre facteur ayant un impact sur la capacité de concentration : le rythme circadien qui représente en quelque sorte l’horloge interne du corps humain. Selon ce dernier, 80% des êtres humains ont ainsi un pic de vigilance vers 10h du matin, puis un creux qui entraîne des difficultés pour se concentrer entre 14h et 15h, et enfin un nouveau pic de vigilance autour de 18h. Il est donc préférable de réserver les tâches nécessitant le plus de concentration aux moments où le cerveau est le plus actif.  

les vertus de la pause.

La capacité de concentration moyenne du cerveau s’établit entre 45 et 90 minutes. Au-delà, celui-ci se fatigue et se disperse. En conséquence, lorsque le cerveau s’échauffe, la pause s’impose ! « Une pause d’environ 15 minutes minimum par demi-journée est essentielle pour restaurer ses ressources mentales », met en avant la docteure en neurosciences. 

Un constat qui ne date pas d’hier puisque c’est Taylor qui a instauré, dès la fin du XIXe siècle, les pauses au sein des usines afin d’optimiser la productivité des travailleurs.  Ce précurseur avait ainsi déjà compris que diminuer le temps de travail quotidien ne faisait pas baisser la productivité, mais au contraire l’augmentait. Ainsi, non seulement, un temps de pause permet de réduire les accidents du travail dans certains contextes industriels, mais aussi de restaurer son efficacité et sa productivité pour des tâches plus administratives. 

Pour autant, faire une pause ne signifie pas ne rien faire du tout. « Pour que cette dernière ait un effet bénéfique sur le cerveau, il suffit parfois de se lever et de marcher, d’aller discuter avec un collègue même si l’échange a trait au travail, d’aller chercher un café ou encore de s’atteler à une tâche totalement différente », observe Marie Lacroix.

halte aux interruptions permanentes. 

A l’époque de Sune Carlson, un économiste suédois, un cadre était dérangé en moyenne toutes les 20 minutes. Aujourd’hui, il l’est toutes les 12 minutes. Mails, notifications, interpellation des collègues… Il faut dire que les sources possibles de distraction au travail ne manquent pas. Une évolution non sans conséquences lorsque l’on étudie de plus près les résultats des études de cet économiste. 

Ainsi, selon la loi de Carlson, « le temps perdu à cause de l’interruption d’une tâche est supérieur au temps de l’interruption », ou encore « un travail réalisé en continu prend moins de temps et d’énergie que lorsqu’il est réalisé en plusieurs fois ». 

Force est ainsi de constater combien les interruptions nuisent considérablement à la concentration, et donc à l’efficacité des travailleurs. 

Sans compter qu’il faut à chaque fois 3 minutes au cerveau pour se reconcentrer.  « Pour être plus productif au cours d’une journée de travail et maintenir son état maximal de concentration, il est conseillé de définir des créneaux dédiés à la consultation de ses mails, d’autres où l’on pourra être sollicité par ses collègues, sans oublier de couper son téléphone portable », conclut la docteure en neurosciences et cofondatrice de Cog’X. 

et plus encore :

Creusez les mécanismes du cerveau pour être et rester concentré, avec Gaëtan de Lavilleon, docteur en neurosciences et cofondateur de Cog’X. 

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