travailler moins pour vivre mieux ?

#marché de l'emploi #motivation #recrutement

2 mars 2023

L’abnégation, a-t-elle encore sa place au travail ? Aujourd’hui, les travailleurs veulent travailler moins pour profiter davantage de leur vie personnelle et s’émanciper de la fameuse maxime « métro, boulot, dodo ». 

Quoiqu’antinomique avec la réforme des retraites, ce concept, appelé « détravail », commence à faire des adeptes en France. Il questionne l’organisation du travail, que les entreprises doivent à tout prix réinventer pour recruter et, surtout, fidéliser leurs collaborateurs.

travailler moins : la montée d’un phénomène ?

La crise du Covid-19 a fait jaillir de nouvelles aspirations du côté des travailleurs, à la fois professionnelles (une plus grande autonomie, la recherche de sens au travail…) mais aussi personnelles. Suite aux confinements successifs engendrés par la pandémie, nombreux sont ceux qui ont décidé de se focaliser davantage sur leur équilibre de vie, quitte à accorder une place moins centrale à leur travail.

Ce phénomène n’est pas nouveau : en mai 1968, les travailleurs remettaient déjà en question la place du travail en scandant qu’il ne fallait « pas perdre sa vie à la gagner ». Un slogan qu’on entend, près de 60 ans après, chez les adeptes du « détravail ». Alors que le gouvernement encourage les Français à prolonger leur vie professionnelle jusqu’à 64 ans, ce concept fait de plus en plus d’émules. Il caractérise « la diminution progressive et collective de la place du travail marchand dans nos vies », selon la définition du « Collectif Travailler Moins », lancé en 2017, à l’initiative de la 1ère journée dédiée au « détravail » le samedi 4 février dernier. Plus concrètement, les « détravailleurs » préconisent donc de ne travailler que le temps nécessaire, dans une logique de décroissance, mais aussi de préservation de l’environnement.

un terrain fertile pour l’émergence du détravail.

Aux États-Unis, où le phénomène de « Grande Démission » déferle (38 millions d’américains ont quitté leur poste en 2021), le mouvement de « détravail » prend de l’ampleur. En France, le concept reste encore marginal. Malgré un nombre de démissions qui a bondi de 20 % entre juillet 2019 et juillet 2021 selon la DARES, seuls quelques cadres se payent véritablement le luxe de rogner leur salaire pour s’octroyer du bon temps.

Pourtant, dans l’Hexagone, la volonté de reprendre en main son équilibre de vie est forte : une étude menée en octobre 2022 par l’IFOP indique que 61 % des salariés préféreraient gagner moins, mais avoir plus de temps libre.
Soit 23 points de plus qu’en 2008.
Une proportion particulièrement marquée chez les femmes (64 %) et les CSP+ (72 %).

Selon Céline Marty, chercheuse en philosophie du travail, les jeunes sont les plus susceptibles de succomber au concept de « détravail ». « Les jeunes travailleurs sont aussi ceux qui ont vécu la précarisation des conditions de travail de leurs parents. Quand vous avez vu vos parents se suicider à France-Télécom (…), vous avez d’autres aspirations. Vous êtes plus critique et plus cynique sur ce qu’on vous propose », expliquait-elle au micro de France Inter début février 2023. En France, le terrain semble donc suffisamment fertile pour que le concept de « détravail » se fraye un chemin.

la semaine de 4 jours : un bon compromis ?

En remettant en question le temps de travail, qui fait l’objet de vifs débats depuis des décennies, les « détravailleurs » ont le mérite de rappeler qu’un salarié en poste n’est pas forcément un salarié productif, du fait :

  • du présentéisme, un fléau qui coûte extrêmement cher aux entreprises,
  • et de l’épuisement professionnel, qui aboutit souvent à un désengagement du salarié.

Pour que le travail reste une source d’épanouissement, certaines entreprises font le choix de passer à la semaine de 4 jours. Une expérimentation menée par le think tank Autonomy pendant six mois en Grande-Bretagne révèle que ce rythme de travail réserve de belles surprises. En optant pour la semaine de 4 jours :

  • le stress au travail des salariés est passé d’une note de 3,07 sur 5 à 2,74.
  • l’absentéisme a reculé de 2 à 0,7 jours par mois et par employé.
  • Par ailleurs, 55 % des salariés ont constaté une amélioration de leur capacité de travail.
  • Les entreprises ont enfin vu leur chiffre d’affaires augmenter de 1,4 % durant l’expérimentation.

Des résultats qui confirment que pour travailler plus longtemps, il faut avant tout travailler dans de meilleures conditions. C’est en rendant plus flexible le travail, mais aussi en laissant à leurs collaborateurs « le temps de vivre », que les entreprises pourraient, à l’avenir, réengager leurs équipes et résoudre leurs difficultés de recrutement.

et plus encore :

Malgré les bouleversements de notre rapport au travail, une question subsiste : « Tu fais quoi dans la vie ? ». D’où vient ce réflexe dans les échanges sociaux ? Pourquoi ce lien entre travail et statut social ? Retrouvez des éclairages et conseils dans cet article : se définir par son travail : et si on arrêtait ?

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