réindustrialisation de la France : deux ans après : quel bilan ?

#industrie #marché de l'emploi

27 mars 2024

Dévoilé par le président de la République Emmanuel Macron en 2021, le plan d’aide à la réindustrialisation France 2030 est en marche ! Avec plus de 54 milliards d’euros d’investissement, ce programme vise à développer la compétitivité de l’industrie française tout en soutenant sa décarbonation. Le Gouvernement prévoit une hausse du PIB comprise entre 40 et 80 milliards annuels à l’horizon 2030 portée par ce programme de réindustrialisation. Deux ans après le lancement, l’heure est à un premier bilan. Quels sont les résultats concrets ? Quelles conséquences et perspectives pour les métiers de l’industrie et en particulier pour les ingénieurs ?

pourquoi réindustrialiser la France ? quels impacts sur l’emploi ? 

Le Gouvernement entend bien poursuivre la revitalisation du secteur industriel français. Sur l’enveloppe de 54 milliards d’euros prévue dans le cadre de France 2030, 25 milliards ont déjà été investis dans près de 3 200 projets industriels. Concrètement, France 2030 assure en moyenne 30 à 40 % des besoins de financement des entreprises pour les projets sélectionnés.

Résultat : c’est déjà près de 40 000 emplois directs qui ont été créés ou maintenus.

Parmi les secteurs clés : ceux qui accélèrent la transformation de l’industrie et permettent de « faire émerger les champions de demain », notamment : santé, automobile, hydrogène, électronique, agro-alimentaire.

Le plan de réindustrialisation devrait générer entre 288 000 et 600 000 emplois d’ici à 2030. Une ambition qui passe notamment par un soutien apporté aux formations aux compétences et métiers d’avenir. Nucléaire, aviation bas-carbone, hydrogène vert, spatial, biomédicament… les investissements se concentrent sur des innovations qui devraient porter les métiers d’avenir . Une chose est sûre, les métiers d’ingénieurs dans l’industrie auront un rôle clé à jouer dans l’innovation et la modernisation des usines et systèmes de production existants.

quelle place pour l’innovation technologique dans l’accélération de notre réindustrialisation ? 

Le plan de réindustrialisation du pays s’appuie résolument sur l’innovation technologique.

En décembre dernier, Emmanuel Macron a d’ailleurs annoncé l’ajout d’un nouvel axe stratégique à la liste des projets soutenus par France 2030 : augmenter la compétitivité de la France sur la production de processeurs d’intelligences artificielles. Alors que les IA génératives et particulièrement ChatGPT connaissent un essor fulgurant, le Gouvernement entend bien faire de la France l’un des gagnants de la révolution technologique.

Si la tech représente l’une des pierres angulaires de France 2030, le soutien à l’innovation intervient également dans d’autres domaines industriels, dont :

  • –        L’innovation médicale : en deux ans, trois nouveaux biomédicaments ont été développés.
  • –        Le nucléaire : le programme a soutenu neuf projets de réacteurs innovants
  • –        L’aviation : objectif de produire le premier avion bas-carbone
  • –        L’industrie spatiale : renforcer le « New space » français pour « investir sur des technologies de rupture qui structureront le futur paysage spatial »

Ces différentes orientations représentent une nouvelle manne de création d’emplois industriels. S’appuyant sur des nouvelles technologies ou méthodes ou procédés de production, ces innovations nécessitent en particulier de mobiliser des ingénieurs industriels ou ingénieurs génie industriel, en quelque sorte les chefs d’orchestre de l’industrialisation. Qui sont-ils ? Les garants du lancement et de la production industrielle. Leur rôle ? Maximiser les moyens et procédés de production.

l’initiative “territoires d’industrie” pour reconquérir les potentiels industriels en région.

Ce mouvement de réindustrialisation s’appuie également sur les territoires d’industrie, avec un programme d’accompagnement destiné à accélérer les investissements vers les régions et communes à forte identité industrielle. Le Gouvernement soutient l’investissement pour appuyer des projets industriels structurants, notamment en matière de relocalisation et de développement des compétences, avec une enveloppe annuelle de 100 millions d’euros. 

Concrètement, la première phase du programme s’est traduite par 149 territoires d’Industrie, 2 milliards d’euros engagés par l’Etat, les régions et les opérateurs, ainsi qu’une première génération de 127 sites industriels clés en main labellisés. Par exemple en 2018, le Cotentin, berceau de l’industrie nucléaire ainsi que des énergies renouvelables (producteur des plus grandes pales d’éoliennes au monde), à été labellisé.

Pour la deuxième phase, qui s’étend de 2023 à 2027, 183 territoires lauréats ont été sélectionnés. 

un coup d’accélérateur pour le nucléaire.

France 2030 accorde une importance particulière aux projets nucléaires, qui représentent un levier majeur pour la sûreté et la sécurité énergétique du pays. 

1,2 milliard d’euros est consacré à l’innovation dans la filière nucléaire afin d’explorer de nouvelles technologies et faire émerger de nouveaux concepts de réacteurs et permettre à davantage d’acteurs de développer une offre. Pour cela, le gouvernement mise sur deux axes : l’accélération de projets innovants et la formation. 

Sur le premier axe, le gouvernement a lancé en 2022 un appel à projet « réacteurs nucléaires innovants », afin d’introduire des innovations de rupture dans la R&D du nucléaire français. 

En 2023, quelques mois après l’annonce des deux premiers lauréats soutenus par France 2030, ce sont six nouveaux projets qui ont été sélectionnés. 77,2 millions d’euros ont déjà été investis.

L’éducation et la formation professionnelle des jeunes et des employés sont essentielles pour doter les entreprises de profils spécialisés sur les enjeux du nucléaire. Cela constitue aussi la meilleure stratégie pour garantir des emplois de qualité et durables pour tous les niveaux de compétence sur l’ensemble du territoire.

Concernant le secteur nucléaire, il est prévu de recruter 100 000 personnes dans les dix années à venir. Dans ce contexte, France 2030 prévoit un investissement de 2,5 milliards d’euros pour la formation.

décarbonation, méthodes de production plus durables… vers une industrie verte ? 

L’industrie est responsable de 20 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES) du pays et les cinquante sites industriels les plus émetteurs représentent à eux seuls 11 % des émissions totales de GES. Dans ce contexte, il apparaît essentiel de s’atteler à la décarbonation de l’industrie. Cette ambition est l’un des objectifs majeurs portés par France 2030. Une enveloppe de 5 milliards d’euros lui est dédiée.

Opportunité économique, responsabilité environnementale et enjeu de souveraineté industrielle : décarboner implique un véritable changement de paradigme. Ce sont aussi des métiers émergents qui vont être plus que jamais nécessaires pour aider les activités industrielles les plus polluantes à faire leur mue : ingénieur spécialisé en énergies renouvelables, gestionnaire de l’eau, expert traitement des déchets dans les usines, etc.

Par ailleurs, la LOI n° 2023-973 du 23 octobre 2023 relative à l’industrie verte, dessine des orientations structurantes pour la transition écologique de l’industrie. Cette réglementation définit les filières industrielles clés à développer en France, en se concentrant sur l’innovation et la transition écologique. Elle évalue les besoins en matériaux, en énergie, et en formation professionnelle, et les politiques à mettre en place pour atteindre les objectifs nationaux.

Deux ans après son lancement, le plan France 2030 montre déjà des signes encourageants pour accélérer notre réindustrialisation. En injectant des investissements importants dans les sites de production, il a non seulement boosté la compétitivité de notre industrie, mais tend aussi à consolider les fondations de la transition écologique de demain. Les métiers de l’industrie, et en particulier les ingénieurs se retrouvent au cœur de cette ambition de transformation, essentielle pour la prospérité et la richesse nationale. À l’horizon 2030, ces efforts préfigurent une France innovante et durable, leader sur la scène industrielle internationale.

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