procrastiner c’est dépassé, vive la précrastination ?

#bien-être au travail #motivation #productivité

16 mars 2023

Le 25 mars, place à la journée mondiale de la procrastination. Nous avons donc décidé de vous proposer cet article en avance, car nous sommes plutôt d’humeur à précrastiner. Le terme vous est inconnu ? Qu’est-ce qu’un “précrastinateur” et est-il en passe de voler la vedette au “procrastinateur” ? Décryptage.

qu’est-ce que la précrastination ?

La précrastination signifie la tendance à s’empresser de finir une tâche pour la terminer au plus vite (voire en avance) ! Dans le monde du travail, cela peut se caractériser par :
– boucler un dossier dès qu’il se présente,
– traiter ses mails aussitôt reçus,
– rayer rapidement les missions de sa to-do list,
– finaliser plusieurs tâches avant la date butoir.

Cela fait rêver… sur le papier ! Pourtant, être un précrastinateur n’a pas que des vertus et peut même vous amener à fournir, a posteriori, plus d’efforts. C’est d’ailleurs ce qu’a révélé l’étude pionnière de 2014 de David Rosenbaum, professeur américain en psychologie. L’expérience qu’il a réalisé :
Des étudiants devaient choisir entre 2 seaux d’eau pour n’en amener qu’un jusqu’à la ligne d’arrivée.
Un seau était proche de la ligne de départ, l’autre à proximité de l’arrivée.
Non, sans surprise, la majorité des étudiants ont choisi le premier seau (proche de la ligne de départ), quitte à devoir le porter plus longtemps jusqu’à la ligne d’arrivée.
Conclusion de l’expérience : le fait d’agir rapidement donne l’impression d’accomplir la tâche demandée et permet d’alléger la mémoire de travail, même au prix d’un effort supplémentaire.

Cette expérience a donné lieu à la définition de la précrastination par le Docteur David Rosenbaum : « La précrastination est une tendance à travailler sur des tâches à la première occasion, même si cela entraîne plus de travail ou des coûts supplémentaires ».

De quoi relativiser les qualités apparentes de ces nouveaux profils…

précrastination VS procrastination

Vous l’aurez compris, la précrastination est le contraire de la procrastination (dans le sens où le procrastinateur, lui, a tendance à tout remettre à plus tard).

D’ailleurs, peut-être, faisiez-vous partie de ces internautes qui ont recherché la définition de “procrastination” sur Google en 2019 ? Car ce terme a raflé la palme des recherches Google en se plaçant en top n°1 en 2019, pour la 2e année consécutive. Depuis 2020, il semble être tombé aux oubliettes, loin derrière les sujets d’actualité (Ukraine, Coupe du Monde 2022, Elisabeth II, Réforme des retraites…). Preuve qu’il n’est plus en vogue et se fait piquer la vedette par la précrastination ? Rien n’est moins sûr…

Pour tirer un constat et cerner les mécanismes de ces phénomènes, voici le récapitulatif de notre battle “Précrastination VS Procrastination” :

  Procrastination Précrastination
Principe Remettre à plus tard Faire tout, tout de suite
Propension de Français concernés ¼ des Français procrastinent dans le contexte professionnel (contre 74 % dans le contexte personnel). Pas d’étude identifiée sur le sujet. Pourtant, vous reconnaissez certainement un proche ou un collègue ?
Causes
    • Peu de plaisir associé à la tâche à réaliser.
    • Difficulté de la mission.
    • Récompense inexistante ou trop longue.
    • Peu (ou pas) de reconnaissance.
    • Une situation d’urgence qui génère une motivation supplémentaire et l’envie de relever le défi.
    • Cumul des tâches et de la charge de travail.
    • Besoin de réaliser des objectifs et d’être (ou se sentir) productif.
    • Désir de réduire les charges de la mémoire de travail.
    • L’état de stress provoqué par la multitude de choses à faire.
Avantages
    • Nourrir les réflexions : les informations peuvent s’accumuler avant de s’atteler (enfin) à la tâche.
    • Aller à l’essentiel : la deadline est là, pas le choix et plus le temps de vous disperser.
    • Faire preuve de créativité : ou comment trouver un moyen plus rapide ou différent de produire à temps.
    • Gagner du temps : au final, pris par le temps, vous agissez vite.
    • Tenir les délais : une chose est sûre, c’est que les deadlines sont respectées !
    • Réduire sa to-do list : votre to-do list se raye à vue d’œil, et ça, ça fait du bien.
    • Agir et décider : pas le temps de tergiverser, vous agissez, et vite !
    • Tirer satisfaction : vous traitez de nombreuses tâches en une journée et prenez plaisir à les accomplir rapidement.
Inconvénients
    • Sentiment de culpabilité : vous voudriez bien faire cette tâche maintenant, mais vous n’y arrivez pas et culpabilisez…
    • Charge mentale augmentée : à force de tout remettre à plus tard, la charge mentale s’intensifie.
    • Travail bâclé : avec un peu d’anticipation, vous auriez pu produire mieux et dans de meilleures conditions.
    • Désorganisation constante : au plus les projets sont décalés, au plus le planning est chamboulé et votre organisation ébranlée.
    • Risque accru d’erreurs : à vouloir faire, le risque de mal faire est décuplé.
    • Manque de prise de recul : les idées n’ont pas le temps de mûrir.
    • Perte de vue des priorités : à vouloir agir trop vite, vous ne priorisez pas et risquez de mettre de côté un dossier de fond qui mérite une attention particulière.
    • Capacité d’attention et énergie éparpillées : vous gérez rapidement et cela consomme beaucoup d’énergie. Sachez que le multitâche n’existe pas !

Bilan : match nul… balle au centre !

  • Précrastination : l’action devient une réponse à la charge de travail pour tenter de gagner une tranquillité d’esprit immédiate. Seulement, le paysage des tâches à accomplir se renouvelle en permanence…
  • Procrastination : le report d’une action devient une réponse à la charge de travail pour tenter de gagner une tranquillité d’esprit immédiate. Seulement, la tâche remise à plus tard ne fait qu’agrandir le spectre des efforts à fournir… plus tard !

Entre savoir remettre à plus tard et agir le plus rapidement possible, “aucun des deux maux n’est le moindre” comme l’explique Annie Kahn, journaliste du “Monde”.

transformer ces travers en force

Et si le précrastinateur empruntait au procrastinateur quelques-uns de ces mécanismes, et inversement ? Après tout, tout est question de juste-milieu !

s’inspirer des précrastinateurs

  • traiter d’un coup certaines tâches : octroyez-vous une plage horaire chaque jour pour réaliser les activités chronophages (traiter vos mails, classer vos dossiers par exemple). D’après les neuroscientifiques, cela permettrait au cerveau de faire une pause et de pouvoir être plus focus sur une tâche de fond.
  • avoir conscience des deadlines : sans vouloir aller trop vite, la conscience des deadlines et l’envie de les anticiper est une bonne chose ! Cela vous permet de planifier des sous-objectifs pour arriver à vos fins dans les temps impartis (ou même en avance !).

à copier des procrastinateurs

  • laisser “reposer” les idées : identifiez le projet, notez quelques idées et laissez-les mûrir et reposer. Comme le veut la sagesse populaire, il vaut parfois mieux “dormir là-dessus ”, car vos idées n’en seront que meilleures ensuite !
  • se concentrer sur la tâche en cours : tel un procrastinateur à l’œuvre pour le rendu imminent de son projet, évincez toutes les notifications et les distractions, concentrez-vous sur le moment présent et l’accomplissement de la tâche en cours. En bref, allez à l’essentiel (vous pourrez peaufiner ensuite, puisque vous serez dans les délais) !

astuces pour mieux gérer son temps

  • Utiliser des méthodes ou outils pour gérer votre temps (matrice d’Eisenhower, la méthode “avalez le crapaud”, Pomodoro…).
  • Identifier la veille pour le lendemain trois missions importantes à faire quoiqu’il arrive et celles qui sont secondaires.
  • Prévoir des plages pendant lesquelles vous ne serez pas dérangé (portable en mode avion, BlockSite pour bloquer les accès aux distractions web…).
  • Consacrer un créneau dédié aux urgences (1 h par jour par exemple) pour ne pas vous sentir submergé en cas d’impondérables.

Dans notre société connectée où l’immédiateté est souvent glorifiée, n’hésitez pas à dire non, composer et proposer un planning selon votre rythme, pour ne pas le subir et perdre pied.

et plus encore :

pour se concentrer, notre cerveau utilise la mémoire de travail (ou mémoire de l’immédiat) qui stocke environ de 7 à 9 informations afin d’accomplir une tâche. Découvrez tous les mécanismes du cerveau pour être et rester concentré avec Gaëtan de Lavilleon, docteur en neurosciences.

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